La pièce |
De drame social, 9MM se transforme progressivement en une
tragédie moderne dans sa forme et antique par sa mécanique
implacable. Sur fond de supermarché de banlieue, deux personnages
s'affrontent au sujet de la mort d'un enfant. Aveuglés par leurs
illusions, ils accomplissent dans le duel qui les oppose la part tragique
d'un destin auquel ils prétendaient se soustraire en le contrôlant.
Après une mise en situation du lieu, un supermarché, et du contexte, celui d'un temps où les apparences, l'argent et le désir sont les maîtresses de la vie, les situations menant au drame final s'enchaînent sans faille. La force de 9MM est de ne jamais être explicite. Les éléments du drame réel ne sont que suggérés dans un jeu subtil de masques et de faux-semblants où les personnages s'abusent eux-mêmes. La pièce peut se lire comme la métaphore d'un temps obsédé
par la volonté de contrôler jusqu'aux rêves et désirs
des enfants. Ce contrôle s'avère illusoire et ouvre au contraire
de plus en plus la fenêtre à son propre chaos et à
celui des existences. A jouer ce jeu-là, la tragédie risque
d'être au rendez-vous et ce qu'on croyait être le salut devenir
anéantissement. |