Dossier de Presse : OPÉRATION MÉTASTASES - NDONGO REVIENT |
Spectacles présentés au Théâtre
de Carouge
Bertrand Tappolet Portable + 41 (0) 79 517 09 47 de Dominique Ziegler Mise en scène Dominique Ziegler THRILLER POLITIQUE - Haut de la page « Vous êtes un joueur tout en étant une
pièce dans le jeu. »
Dans un décor évoquant le salon cossu dune villa américaine de banlieue, Opération Métastases confronte deux espions de générations différentes et contrastées. Au fil de ce thriller politique et métaphysique mené tambour battant, le véritable défi de la mise en scène est de captiver le spectateur malgré le côté grave des questions politiques abordées. Pour cela, laccent est placé sur la qualité de jeu des acteurs et sur leur interaction. Il se crée entre les personnages, deux espions dâge et de conviction contrastées, un rapport de tension permanente. Derrière lécran de fumée des pseudo-amabilités dusage et les grandes considérations géopolitiques, un subtil jeu du chat et de la souris se déroule en filigrane, dont lenjeu est la mort soit de lun, soit de lautre des protagonistes. Géostratégie et manipulations au programme de ce
portrait saisissant et dune noire ironie d'une institution
dont la mission est l'anéantissement de l'adversaire par
tous les moyens, et dont les procédures jonglent avec les
hommes comme de vulgaires pions. Un récit haletant, qui se
nourrit du meilleur des productions hollywoodiennes, à découvrir
à la veille des élections présidentielles américaines.
Quelles sont les passerelles qui relient les deux pièces que vous présentez NDongo revient et Opération Métastases? Dominique Ziegler : Il sagit de deux pièces qui traitent de politique internationale et des coulisses, ici de la diplomatie, là de la stratégie dune agence de renseignement. Dans la comédie politique NDongo revient, je tourne en dérision le problème du post ou néocolonialisme dans une comédie satirique des relations France-Afrique. Cette satire ne ménage aucun des Présidents de la Ve République. Avec cette double interrogation posée : comment se fait-il quun demi-siècle après la décolonisation, perdurent encore et toujours des dictatures extrêmement sanglantes et ubuesques dans les pays du continent africain ? Et pourquoi la France, patrie des droits de lhomme, soutient ce type de régime autoritaire. On voit quil existe alors des interactions économiques et des amitiés dangereuses. Le propos est ici de tourner une réalité politique des rapports Nord-Sud à la farce mordante. Opération Métastases évoque la politique étrangère
dune grande puissance, les Etats-Unis. Le canevas de base
est constitué par lhistoire dun jeune espion
devant infiltrer le réseau terroriste
D. Z. : En premier lieu, je pense quil nexiste pas de bonne pièce sans conflit. A ce titre, je trouve toujours très passionnante la confrontation de deux personnages ou de deux univers. Dans le cas de NDongo revient, cest lAfrique et lOccident. Dans le cas de Opération Métastases, cest la jeune génération américaine idéaliste face à la vieille génération plus cynique. Cest un peu la rencontre entre un jeune Colin Powell et un vieil Henry Kissinger. Un jeune auteur-metteur en scène comme moi se doit également de penser à une écriture en termes déconomies de moyens et non sous langle dune superproduction. Cette contrainte nest dailleurs pas sans intérêt, car elle me permet de ramasser le propos. Il est sans doute plus aisé de créer une tension entre deux protagonistes. Il ne sagit néanmoins pas là de la marque constante dune écriture, puisque jai déjà écrit des pièces avec des distributions plus importantes.
D. Z. : - Le vieux est sorti de mon imagination après avoir lu La Chute de la CIA, qui livre les mémoires d'un agent nommé Robert Baer. Il a bourlingué une quarantaine d'années, notamment au Moyen-Orient, et manifeste un certain mécontentement parce que plusieurs opérations qu'il voulait réaliser ont été sabotées par les instances gouvernementales, les politiciens. Il est maintenant à la retraite, il va bien mais pointe publiquement du doigt les services de la CIA et l'incohérence des stratégies politiques de son gouvernement. J'ai eu envie de pousser un peu plus loin sa propre logique en imaginant ce que donnerait quelqu'un comme lui si, devenu tout à fait aigri, il était confronté à un jeune agent plein d'illusions qui admire ses actions passées tout en ne parvenant pas à cacher une réticence. Plus la pièce avance, plus les deux logiques s'affirment incompatibles.
D. Z. : Dans le cas de NDongo revient comme dans
celui de Opération Métastases, mon nest désir
pas de me cantonner à parler uniquement de manière
basique et politique dun thème. Je pense avant tout
en termes de spectacle accessible où le spectateur se pose
sur son siège et se retrouve "scotché" du
début à la fin, quil sy connaisse ou non
en politique. A mes yeux, le théâtre contemporain souvent
introspectif, voire poétique, se préoccupe beaucoup
des problèmes psychologiques des Occidentaux. Contrairement
à une idée répandue, il y a une vraie place
et une demande du public pour le théâtre politique.
Jai pu dailleurs constater une prise de conscience de
certains publics face au chantage et aux rapports de force qui prévalent
dans les relations entre lAfrique et lOccident. La création
va dailleurs partir en tournée africaine au mois de
décembre 2004.
Lidée de cette pièce mest venue il y a deux ans, à la lecture dun entrefilet paru dans Le Canard Enchaîné . Lhebdomadaire satirique relatait les propos dun agent anonyme de la CIA qui exprimait de manière étonnement simple une des raisons pour lesquelles lagence avait échouée à infiltrer les groupes fondamentalistes islamistes et par conséquent à prévenir les attentats du 11 septembre. Le propos relaté était, en substance, le suivant : « Quel agent voudrait passer cinq ans de sa vie sous un soleil aride en compagnie daustères barbus, sans toucher de femmes ni boire une goutte dalcool, à manger des pois chiches et faire la prière tous les jours ? » Bon sang, cétait donc ça ? La toute puissante CIA, le service secret le plus performant de la planète buttait elle aussi, comme nimporte quelle entreprise, sur limprévisible facteur humain ? Voici un organisme ultra-puissant qui a fait et défait des gouvernements en Amérique Latine et Centrale, en Asie, en Europe de lEst, etc , un rouage essentiel de la politique étrangère de Washington, qui nhésite pas à sacrifier des milliers de vie pour défendre les intérêts des Etats-Unis sur la planète. On peut affirmer sans crainte de se tromper que la configuration géopolitique mondiale depuis un demi-siècle est marquée par les manuvres de lagence. Dans limaginaire collectif, la CIA a toujours été synonyme defficacité et dinvulnérabilité. Les commissions denquêtes sénatoriales conduites au milieu des années 70 par le sénateur Franck Church ont levé une partie du voile sur les activités troubles de lagence obligeant entre autres deux de ses directeurs à rendre des comptes à la collectivité. Néanmoins ces critiques, qui ont temporairement ébranlées lagence, ont porté uniquement sur des questions déthique, jamais defficacité.
Le 11 septembre a changé la donne : léchec à déjouer les plans des Islamistes a été principalement imputé à la CIA. Comme dans les films de gangsters ou les dans les procès criminels, les différents acteurs concernés (gouvernement et services secrets notamment) ont commencé à minimiser leur responsabilité en se chargeant les uns les autres. De nombreux agents de la CIA, refusant de voire lorganisation jouer le rôle dunique fusible, pointent du doigt les responsables gouvernementaux, arguant que lagence est un instrument totalement dépendant du pouvoir politique ne fixant ses priorités quen fonction des exigences de ce dernier. Inversement, au sommet de lEtat, on argumente que nombre de décisions vitales en matière de sécurité nationale et de politique étrangère sont prises sur la base des renseignements fournis par lagence. Le monde des services secrets fascine et répugne en même temps. Le sort de lhumanité est largement dépendant (dun point de vue économique, politique et sécuritaire) des décisions prises dans les couloirs de Langley avec ou sans laccord de la Maison Blanche. Les récentes dissensions évoquées plus haut ont permis un étalage de linge sale qui, à défaut de complètement éclairer les grandes questions politiques du moment, apporte des éléments supplémentaires à la compréhension de la marche contemporaine du monde. Ainsi Robert Baer, un ancien agent de la direction des opérations clandestines au Moyen-Orient puis du bureau danalyses dénonce dans son captivant ouvrage "La chute de la CIA" la surprenante incompétence des responsables des antennes étrangères de lagence qui préfère laisser filer des terroristes plutôt que de risquer une opération, qui si elle se soldait par un échec, nuirait à leur carrière. Baer pointe également dans son ouvrage le noyautage des différents organismes des sécurité de lEtat Américain par les grosses compagnies pétrolières qui, par responsables corrompus interposés, se livrent une guerre dinfluence dont les conséquences se font sentir sur les prises de position politiques et sur les actions de lagence sur le terrain. La complexité de ces questions nen finit pas détonner.
Richard Labévière, journaliste à la TSR et à RFI dans ses ouvrages " Les Coulisses de la terreur " et " Oussama Ben Laden ou le meurtre du père " sest beaucoup interrogé sur les rapports incestueux et troubles entre les réseaux islamistes et la CIA. Parmi les nombreux sujets détonnement analysés par ce brillant investigateur, il en est un qui laisse songeur : hospitalisé à lhôpital américain (!) de Dubaï, peu de temps après les attentats contre les ambassades américaines de Nairobi et de Daresaalam, Ben Laden aurait reçu la visite du responsable local de la CIA, avec qui il aurait partagé un thé ! Cest dans ce vaste contexte que jai basé lintrigue de ma pièce. La question de linstrumentalisation des Islamistes au temps de la guerre dAfghanistan puis le destin de la nébuleuse Al-Qaida comme organisation autonome en constante expansion sont au cur de la pièce Opération Métastases . Le rôle de la CIA au Moyen-Orient et dans le reste du monde fait lobjet dâpres débat entre les deux personnages principaux de la pièce. Reprenant mon idée de départ je décidai de repartir sur le thème de linfiltration mais de le traiter dans un autre registre que celui de la comédie.
Afin de permettre le lien historique entre les deux époques clés de la CIA (grosso modo pendant et après la guerre froide ou à une dizaine dannées près avant et après le 11 septembre) je choisis la confrontation entre deux agents de génération différente : le jeune agent quon lance sur le terrain dans le nouveau contexte du 21e siècle et lancien agent de la guerre froide, à la retraite depuis quelques années. Le vieil agent va servir de guide, de relais au nouveau venu et tenter de léclairer sur la marche du monde et de lagence qui, comme on la vu, sont intimement liés. En terme de spectacle, jai conçu cette pièce dans un style "thriller politique despionnage" tout en mettant laccent sur la relation damour haine qui va se développer entre les deus protagonistes. Les récents événements internationaux ont,
pour la première fois, montré la CIA, sous un jour
vulnérable. Derrière la gigantesque machine sont apparus
au grand jour des êtres humains avec leurs faiblesses, leurs
espoirs, leurs contradictions. Opérations Métastases
sintéresse à deux de ces hommes de lombre.
Derrière les considérations politiques, militaires,
stratégiques, se révèlent petit à petit
deux destins personnels, deux caractères antinomiques, deux
trajectoires particulières à la fois touchantes et
effrayantes, dont la petite histoire finit par rejoindre la grande. J : Laffaire de lAfghanistan est connue. Il fallait bien sallier avec quelquun si on voulait venir à bout des Russes. Personne ne pouvait imaginer que ces excités se retourneraient un jour contre ceux qui les avait aidés. V : Bien sûr que si, que lon pouvait sen douter. Cétait même ce quespéraient les promoteurs de lopération. Le conflit afghan a été loccasion de faire financer notre plan en toute quiétude sans que personne ne soupçonne rien, puisque, ainsi que vous le soulignez avec votre sympathique esprit boy-scout, on les armait pour la bonne cause. Une fois la guerre finie, nous avons pu entrer dans la phase active de ce plan conçu de longue date et donner le véritable coup denvoi de lopération " Métastases ". J : Qui consistait ? V : à soutenir, dans un deuxième temps, plus discrètement certes, mais bien plus massivement, ces cellules et les aider à se développer à léchelon mondial. J : Quel intérêt ? V : Nous créions ce dont nous avions le plus besoin pour assurer la survie de notre empire : lennemi du 21e siècle. J (un temps) : Je ne comprends pas. V : Je suis sûr que si. En lançant les islamistes sunnites à lassaut du gouvernement communiste afghan à la fin des années 70, nous attirions lURSS dans un bourbier similaire à celui que nous avions connu au Vietnam avec lespoir que cela accélère son inéluctable chute. Mais nous savions aussi que le jour où lUnion soviétique se désintégrerait nous nous trouverions face à un dangereux vide. Ainsi que la souligné Canetti « la possibilité la plus sûre et souvent la seule quait une masse de se maintenir est lexistence dune deuxième masse à laquelle elle se rapporte ». Sur les décombres planifiés de notre vieil ennemi nous faisions naître la menace du futur qui nous permettrait de continuer à exister comme grande puissance. Ce qui se produit aujourdhui a été pensé il y a bien longtemps. Deux coups davance, mon petit, il faut toujours avoir deux coups davance. J (Jeune espion) et V (Vieil espion), in : Opération
Métastases Survol de lhistoire de la CIA
La CIA a également régulièrement influencé de façon décisive l'histoire politique des États jugés stratégiques pour les intérêts des États-Unis, allant jusqu'à organiser le renversement de régimes jugés hostiles, voire à déclancher des conflits armés. Ces agissements ont eu lieu sur l'ensemble du globe terrestre, avec néanmoins une occurrence plus prononcée en Amérique latine, dans le monde arabe ou en Asie, souvent dans le cadre de la stratégie dite de l'endiguement, voire de la recherche de l'effondrement du bloc communiste, comme dans le soutien au mouvement Solidarnosc en Pologne. Parmi les actions les plus célèbres, il peut être fait état de la mise en place du régime dictatorial du général Pinochet au Chili ou bien son soutien aux mouvances islamistes radicales en Afghanistan (dont notamment Oussama Ben Laden) ou au dictateur Saddam Hussein. Dans le cadre de l'affaire des Contras du Nicaragua, le tribunal international des Nations Unies fut amené à condamner les États-Unis pour crime de guerre au début des années 1980. Après le 11 septembre 2001 l'action de la CIA est redéfinie afin de contribuer à la nouvelle doctrine de "guerre contre le terrorisme" édictée par le gouvernement.
Une série d'erreurs, d'exagérations et de présentations "erronées" de la part de la CIA, mais pas de pressions de la part de la Maison Blanche pour tenter d'influencer les conclusions des services de renseignement sur la capacité de Saddam Hussein à produire des armes de destruction massive (ADM). Telles sont les deux principales conclusions du rapport rendu public vendredi 9 juillet, dans un climat politique tendu, par la commission du renseignement du Sénat. Le document dresse un réquisitoire implacable contre le
travail de la CIA avant la guerre en Irak, soulignant que «
la majorité des conclusions clés des services de renseignement
présentées en 2002 concernant la poursuite des programmes
d'armes de destruction massive en Irak étaient exagérées
ou non confirmées par des informations sur place ».
Les sénateurs évoquent à plusieurs reprises
les "échecs" de la CIA, et regrettent qu'après
1998 elle n'ait pas envoyé l'un de ses agents en Irak pour
évaluer la situation. « Une chose est claire désormais,
a assuré le président de la commission bipartisane,
le républicain Pat Roberts, lors d'une conférence
de presse. Avant la guerre, la communauté du renseignement
américain a affirmé au Président et au Congrès
que Saddam Hussein avait accumulé des ADM. Nous savons désormais
que tout cela était faux. » Les sénateurs soulignent
aussi avoir découvert que l'agence avait "omis"
de transmettre à Bush de nombreux témoignages de scientifiques
irakiens affirmant que Saddam Hussein avait abandonné son
programme de développement d'ADM.
En juin 1954, le nouveau président du Guatemala élu démocratiquement, Jacobo Arbenz Guzman, décide une réforme agraire : il distribue aux paysans les plus pauvres du pays quelques hectares de terres appartenant à la multinationale américaine United Fruits et décide dinstaurer une taxe sur les exportations. Un véritable coup d'état est mis sur pied lors dune réunion entre notamment le Président Eisenhower et Allen Dulles numéro un de la CIA, qui siégeait également au conseil d'administration de United Fruit. La CIA renverse le président qui quitte le pouvoir, et installe à sa place une junte militaire. Elle restera en place pendant 40 ans.
En 1960, le Congo Belge accède à l'indépendance. Le Premier ministre est le leader de gauche, Patrice Lumumba. Or les Etats-Unis convoitent les immenses ressources minières du pays. Allen Dulles avait ordonné lassassinat de Lumumba qui ne restera en place que deux mois. En 1975, une commission d'enquête parlementaire conclura que le président Eisenhower avait donné son accord. Le général Mobutu, qui s'était emparé du pouvoir, fit exécuter Lumumba. Frank Carlucci, futur sous-directeur de la C.I.A., était en poste au Congo lors du coup dEtat.
À Cuba, Fidel Castro, qui vient de chasser le dictateur Batista, nationalise les plantations de sucre détenues par des Américains. Dès le lendemain commence l'escalade : fin des prêts à Cuba, rupture des relations diplomatiques entre les deux pays, et accord commercial soviéto-cubain. Castro défie Washington et s'affiche avec le chef du Kremlin, Khrouchtchev. Kennedy hérite du projet mis au point par Nixon et la CIA, le renversement de Castro, grâce à un débarquement dans la Baie des Cochons. La CIA engage des mercenaires, 1500 exilés cubains peu expérimentés. Le gouvernement de Castro étant très populaire, le soulèvement n'a pas lieu et les attaquants sont rejetés à la mer. La CIA espérait que Kennedy, devant le désastre, se sentirait obligé de dépêcher l'armée américaine en renfort. Mais Kennedy refusa et l'opération échoua. La C.I.A. lui attribua la totalité de l'échec de la Baie des Cochons. L'embargo américain qui frappe Cuba depuis le début des années 1960 dure encore.
Quelques mois après l'assassinat de Kennedy, Lyndon Johnson avait remis en question le plan de retrait des conseillers militaires américains du Vietnam envisagé par le président disparu. En Août 64, la CIA monte une fausse attaque nord-vietnamienne contre un navire de guerre américain dans le golfe du Tonkin. Johnson a enfin un prétexte pour multiplier par dix le nombre de soldats américains qui combattent en Asie du Sud-Est, et commencer ses bombardements contre le Vietnam du Nord. Au Vietnam, se met en place lOpération Phénix. La CIA est chargée dappliquer purement et simplement un programme d'assassinats ciblés de civils : enseignants, médecins, cadres, pour paralyser le pays. William Colby, le responsable de la CIA qui dirigeait l'opération, sera nommé quelques années plus tard directeur de lagence.
En 1971, Salvador Allende, le candidat socialiste, est élu. Il met en place une réforme agraire et décide des nationalisations. Richard Nixon, horrifié, donne carte blanche au directeur de la CIA, Richard Helms, pour empêcher son entrée en fonction. Washington décide alors d'aider les militaires à renverser Allende et mettre le général Pinochet au pouvoir. Le coup dEtat survient le 11 septembre 73. Le président est assassiné, ou sest suicidé, selon la CIA, et des milliers de Chiliens torturés et massacrés. Les listes des suspects ont été fournies par la CIA aux escadrons de la mort de la junte militaire. Cest limplication de la CIA dans le coup d'Etat au Chili, et les révélations sur la complicité entre lagence et la Maison-Blanche pendant le Watergate, qui vont pousser le Congrès, trompé et humilié par Nixon, qui a démissionné, à prendre la décision de museler la CIA
Lors des élections présidentielles, Ronald Reagan choisit de faire de William Casey lhomme - clef de son gouvernement. Dès sa nomination à la tête de la CIA, Casey renforce le rôle de lagence et rétablit la plupart des postes supprimés par Turner. Sous sa direction, lagence surarme des dizaines de groupes de guérilla, sans aucun contrôle, pour attaquer les Soviétiques, allant jusqu'à leur fournir des armes de pointe. Dix ans après le départ des Soviétiques, ces armes circulaient encore.
Robert Gates, à la CIA, fournit tout au long de la présidence Reagan des informations extrêmement exagérées sur la puissance soviétique, poussant la Maison-Blanche dans son incapacité à anticiper l'effondrement de l'Union Soviétique. Cest le nouveau Président George Bush qui assistera à leffondrement de lUnion Soviétique dirigée par Michael Gorbatchev. La CIA a perdu son principal ennemi.
Ne pouvant accepter de perdre le contrôle sur une partie des ressources pétrolières du Golfe, les États-Unis, avec l'autorisation de l'ONU et le soutien de forces internationales, volent au secours de la souveraineté du Koweït et déclarent la guerre à l'Irak en janvier 1991. Le Koweït est libéré un mois plus tard. La CIA souhaite se voir confier la tâche déliminer Saddam Hussein, mais le Président Bush refuse. New York 2001 - World Trade Centre Aux élections présidentielles de 2000, George Bush Junior remporte de justesse la course à la Maison-Blanche. Il est alerté par la CIA : Ben Laden menace maintenant directement les Etats-Unis. Malgré les menaces de plus en plus précises, le combat que se livrent la CIA et le FBI ne cesse pas. Les rivalités et la rétention dinformation continuent. En février 2001, Israël avertit la CIA : « Des
terroristes vont pirater un ou des avions de ligne et sen
servir comme armes ». Le 11 septembre 2001 George W.
Bush entame cinq semaines de vacances dans son ranch au Texas ;
à 8 heures 47 son conseiller reçoit un appel. Lattentat
visant les tours du World Trade Centre et le siège du Pentagone
fait près de 4000 morts et entraînera linvasion
de lAfghanistan puis celle de lIrak par les Etats-Unis.
V (Vieil espion), in : Opération Métastases
François Rochaix est bien connu comme directeur, notamment
du Théâtre de Carouge-Atelier de Genève et comme
metteur en scène. Il a aussi beaucoup joué. Formé
comme comédien au Théâtre de Carouge par François
Simon et Philippe Mentha, il fonde en 1963 lAtelier Don Sapristi
qui prend ses quartiers à la Maison des Jeunes et de la Culture
de Saint-Gervais, équipe qui devient en 1965 le Théâtre
de lAtelier qu'il dirige et dont il devient te principal metteur
en scène. Dans ce cadre, il joue notamment Estragon dans
Godot est arrivé de Bulatovic mis en scène par Jorge
Lavelli (1966-68), Marco dans Vu du pont dArthur Miller mis
en scène par Patrick Antoine, Hugo Pludek dans Garden Party
de Havel, mis en scène par Vaclev Hudecek (1967). Il joue
aussi dans Le Chant du fantoche lusitanien de Peter Weiss qu'il
met en scène (1968). Il est Burrhus dans Britannicus de Racine
(1972), et a aussi plusieurs fois un rôle de pianiste, qu'il
peut assumer pleinement, comme Dans la jungle des villes de Brecht
(1961) ou dans Ce Schubert qui décoiffe de et mis en scène
par Michel Soutter pour la Télévision suisse romande
(1973), puis au Théâtre de Carouge (1975 et 1988) La
saison passée, il a tenu plusieurs rôles dont celui
de Dervais frère dans Les Qui pro quo de Töpffer. Formé à lEcole Serge Martin, il joue dès
1998 au théâtre de La Parfumerie dans Les Enchaînés
se déchaînent réalisé par Patrick Mohr
et une performance danse menée par Evelyne Castellino. Cette
année-là, il donne aussi son propre texte Sachs, et
en 1999, il joue dans La Nuit du renard présenté à
La Traverse par Serge Martin, puis dans Les Deux Gredins à
Am-Stram-Gram par Roberto Salomon. Il participe à plusieurs
spectacles d'été montés dans le théâtre
Le Colombier à Cordes par Pierre Nicole. Arlequin serviteur
de deux maîtres de Goldoni où il joue Arlequin (2001),
Le Chevalier au pilon flamboyant de Beaumont et Fletcher (2001),
Figaro-ci Figaro-là d'après Beaumarchais où
il tient le rôle de Figera (2002), et il est assistant de
mise en scène pour LEcole des femmes de Molière
d'abord présenté à l'Orangerie à Genève
(2004). En 2000, il participe aussi à LApocalypse de
St-Jean présenté au BFM par Pierre-Alexandre Jauffret.
En 2002, il crée le rôle de N'Dongo dans N'Dongo revient,
spectacle qui tourne depuis lors. Il a présenté la
quatrième fête du comédien au Théâtre
du Grütli en novembre 2003. NDONGO REVIENT - Haut de la page de Dominique Ziegler Mise en scène Dominique Ziegler Dans NDongo revient, Le président très peu démocratique dun beau pays africain, Mamadou NDongo, vient retrouver le Président Blanc, élu là la tête dun grand pays dEurope. Laccueil est protocolairement chaleureux les intérêts en jeu sont importants , et les cadeaux simples et somptueux. Arrivent alors les problèmes à régler, de part et dautre. Lun est en chute libre dans les sondages, notamment en raison de la caution quil apporte au nom de son pays à cette fripouille que la communauté internationale réprouve. Lautre est surtout menacé par une rébellion qui sest emparée du tiers du pays et il soupçonne la principale entreprise pétrolière du pays du Président Blanc dêtre le commanditaire des rebelles. Sous les sourires perce la malhonnêteté à léchelle continentale de ces deux dignes canailles qui saffrontent avec tous les accents de sincérité exigés par le Journal de 20 h. Cette simple comédie a quelque chose d'une fable moqueuse
de La Fontaine, celle qui commence par Il va sans dire que toute ressemblance avec les faits, gestes,
procès et scandales agitant régulièrement un
pays qui nous est proche, ne serait quune regrettable et cocasse
coïncidence et nous ferait bien rire. NDongo revient raconte la visite officielle dun dictateur africain au président dune grande puissance européenne, son principal soutien politique en Occident, sortes de Tartuffes contemporains. Utilisant larme du rire, Dominique Ziegler analyse au vitriol un demi-siècle de relations incestueuses entre démocraties occidentales donneuses de leçons en matière de droits de lhomme et dictatures bafouant ces mêmes droits pour le plus grand profit des unes et des autres. Un texte plus que jamais dactualité. Ou comment tenter déveiller les consciences par lhumour et la dérision. Ziegler revendique comme maîtres dinspiration théâtral riens moins quun Molière métissé dun humour à la Charlie Hebdo. Cette pièce a connu un immense succès dès
sa création à Genève en 2002, puis à
Paris et en tournée.
Dominique Ziegler : Cette forme d'humour vient de la bande dessinée, de l'irrespect et de la dérision envers le pouvoir tels qu'on les trouve chez Reiser, Vuillemin et toute l'équipe de Hara Kiri et de Charlie Hebdo. Dans un autre registre d'insoumission créative, j'aime beaucoup Boris Vian. Pourquoi vos deux personnages sont-ils tous deux présidents? D. Z.: Parmi les choses qui me choquent, il y a cette curieuse rédemption institutionnelle qui permet que lorsqu'une crapule, bonne pour la prison, parvient à devenir Président, il bénéficie soudain d'une virginité miraculeuse. L'exemple de Sharon, criminel de guerre devenu premier ministre, est attristant. Celui de Jacques Chirac, qui est un voleur, est terriblement édifiant aussi, et ainsi de suite. Sans parler de Bush Jr, dont la simple existence ébranle jusqu'au concept même d'humanité. Il existe un réflexe mystérieux dans la conscience des gens qui savent très bien quel est le passé du candidat, quelle est sa nature, et qui semblent l'oublier quand il devient le chef (même au mépris de la démocratie, comme ce fut le cas pour Bush). Je voulais aussi parler du respect manifesté envers ces crapules, et à plus forte raison lorsqu'il s'agit de dictateurs qui massacrent leur peuple. Cette révolte intérieure m'a donné envie de mettre à mal la fonction présidentielle, en montrant un président blanc et un président noir, pleins de leur importance et dont les rapports se dégradent, affectant leur tenue tant physique que morale. À Paris, vous avez atteint un public directement concerné ? D. Z.: Tous les soirs, nous avions des rencontres passionnantes, aussi bien de la part des Français que parmi la population africaine en exil. À Paris, l'opposition togolaise est venue massivement voir le spectacle. Evidemment, que peut-on dire encore du président-général Eyadema, qui fête cette année trente-huit ans de règne sanguinaire sur le Togo? Arrivé au pouvoir par la force, avec le soutien de la France, son activité politique repose sur deux axes: le pillage des richesses et l'élimination d'opposants. Régulièrement dénoncé par Amnesty International, la Ligue internationale des droits de l'homme, accusé de fraude électorale par la Fondation Jimmy Carter et par l'Union européenne, Eyadema est un ami intime de Jacques Chirac à qui il a encore rendu visite à l'Elysée en mars 2004, ainsi qu'à de nombreux hommes politiques et hommes d'affaires occidentaux. Nous avons rencontré des Togolais marqué par la torture, la souffrance de l'exil. Ces gens nous ont fait l'honneur de nous remercier de notre soutien sur leur site internet, ce que je considère comme le plus bel hommage à ma pièce, bien plus que la reconnaissance médiatique. Une jeune fille franco-togolaise d'une vingtaine d'année, ayant passé toute sa vie à Paris m'a abordé à la fin d'une représentation, les larmes aux yeux en me disant que ce n'était que très récemment qu'elle se rendait compte de l'ampleur du drame togolais et que la pièce avait contribué à cette prise de conscience. Des ressortissants d'autres pays dictatoriaux sont venus voir la pièce et il s'est passé très souvent la chose suivante: chacun était persuadé que j'avais abordé le cas particulier de son pays et de son dictateur. Les Congolais me disaient: «vous avez parlé de chez nous!». Puis j'avais droit à la même remarque de la part des Gabonais, des Tchadiens ou des Angolais! Beaucoup de médias africains basés en France se sont intéressés au spectacle, certains journalistes profitant de mes propos peu diplomatiques sur le soutien de la France aux dictatures africaines, pour exprimer indirectement leur opinion, chose que le devoir de réserve et la nature des financements de leur média leur interdit. À Genève, plusieurs diplomates des régimes
totalitaires que je dénonce dans la pièce ainsi que
des membres de la famille Bokassa - l'ancien dictateur de Centrafrique
- sont venu voir la pièce et l'ont, semble-t-il, grandement
appréciée! Un diplomate d'un pays africain dictatorial
m'a même dit: «C'est une pièce de salubrité
publique!» C'était pourtant des gens de leur camp dont
je me moque dans la pièce! Je me suis longuement interrogé
sur les raisons de leur enthousiasme. J'émets l'hypothèse
suivante: N'Dongo n'est pas seul à être montré
du doigt, il est le complice, l'ami et l'adversaire du président
Blanc qui est tout aussi ridicule que lui, si ce n'est plus. Peut-être
que de faire tomber le masque hypocrite du "grand démocrate
blanc", du donneur de leçons occidental a éveillé
chez ces personnes un sentiment de satisfaction. Ou peut-être
sont-ils tout simplement fatigués eux aussi de la gabegie
dans laquelle le totalitarisme sanguinaire plonge la continent africain
depuis trop longtemps déjà.
Insolent, rapide, irrespectueux. Une vision sans illusion du post-colonialisme. On rit de ces Tartuffes modernes, mais surtout lhumour dévastateur
de lauteur dévoile leur monstruosité. Une farce dans la meilleure tradition. Dialogues ciselés, humour redoutable : à des
années-lumières des introspections poétiques
qui forment le gros de lédition théâtrale
francophone. Une machine théâtrale implacable. De la première
à la dernière minute : une tension permanente
et une force comique qui ne faiblit pas. Une pièce politique vitriolée qui parvient à
divertir sans bêtifier.
Il existe un pays qui attise les conflits ethniques et déverse des armes sur des régions à feu et à sang, pour rester maître du seul vrai pouvoir : l'argent. Il existe un pays qui, pour défendre ses intérêts, autorise ses services spéciaux à s'allier, en terre étrangère, avec les réseaux mafieux et les milices d'extrême droite. Il existe un pays où un candidat à l'élection présidentielle, deux fois ministre de l'Intérieur, peut s'appuyer, en toute impunité, sur les circuits des casinos et des ventes d'armes. Il existe un pays qui, loin de ses frontières, truque des élections et couvre l'assassinat de ses propres coopérants. Ce pays, c'est la France. Le continent humilié, c'est l'Afrique
Selon un sondage publié en mai 1999, deux Français sur trois estiment que Jacques Chirac est «le président de tous les Français » et jugent son bilan «dans l'ensemble plutôt positif». Il est donc incontestablement légitime. Pourtant, il reste la principale tête de réseau de la Françafrique, dont les ingérences ont fait le drame du Congo-Brazzaville, ont concouru à la tragédie de la région des Grands Lacs et en attisent les conflits. Comme elles l'ont fait en Guinée-Bissau et en Sierra Leone. Comme elles le font en Angola. Cette Françafrique continue de coloniser le Gabon, le Tchad, les Comores, Djibouti.. Jacques Chirac veut faire croire à la légitimité de la dictature togolaise. Il s'en va au Cameroun relégitimer un régime autocratique et prédateur La France officielle n'a cessé d'expliciter un message : elle ne considère pas ses ex-colonies d'Afrique subsaharienne comme des États vraiment indépendants, ce sont pour elle des zones de non-droit, hors la loi. Elle considère légitime d'y intervenir à tort et à travers, par mercenaires, barbouzes ou Elf interposés. François-Xavier Verschave, Noir silence.
Formé à lEcole Serge Martin, il joue dès
1998 au théâtre de La Parfumerie dans Les Enchaînés
se déchaînent réalisé par Patrick Mohr
et une performance danse menée par Evelyne Castellino. Cette
année-là, il donne aussi son propre texte Sachs, et
en 1999, il joue dans La Nuit du renard présenté à
La Traverse par Serge Martin, puis dans Les Deux Gredins à
Am-Stram-Gram par Roberto Salomon. Il participe à plusieurs
spectacles d'été montés dans le théâtre
Le Colombier à Cordes par Pierre Nicole. Arlequin serviteur
de deux maîtres de Goldoni où il joue Arlequin (2001),
Le Chevalier au pilon flamboyant de Beaumont et Fletcher (2001),
Figaro-ci Figaro-là d'après Beaumarchais où
il tient le rôle de Figera (2002), et il est assistant de
mise en scène pour LEcole des femmes de Molière
d'abord présenté à l'Orangerie à Genève
(2004). En 2000, il participe aussi à LApocalypse de
St-Jean présenté au BFM par Pierre-Alexandre Jauffret.
En 2002, il crée le rôle de N'Dongo dans N'Dongo revient,
spectacle qui tourne depuis lors. Il a présenté la
quatrième fête du comédien au Théâtre
du Grütli en novembre 2003. Il suit les cours de Georges Wod au Conservatoire de Genève
dès 1981 et joue sous sa direction au Théâtre
de Carouge dans des pièces de Monique Lachère. De
1990 à 1993, il adapte et interprète Gros-Câlin
d'après Emile Ajar, spectacle créé en 1990
au Théâtre Saint-Gervais dans une mise en scène
de Roberto Salomon. Dès 1992, il travaille à plusieurs
reprises sous la direction d'Elena Vuille-Mondada à la Grange
de Dorigny, notamment pour la création de La Chasse aux trésors,
opéra de chambre de Jorge Pepi (1993) et tient le rôle-titre
dans Anatole de Schnitzler (1995). Au Théâtre Am Stram
Gram, il participe à la création de Icare, un rêve
de Philippe Morand mis en scène par Dominique Catton (1992)
et joue le Sacristain dans Le Testament du chien de Suassuna mis
en scène par Charles Joris (1995). Au Théâtre
du Jorat pour Jean Chollet, il est Florindo dans Le Menteur de Goldoni
(1993), l'Innocent dans LArlésienne de Daudet (1994),
Pierrot dans Dom Juan de Molière (1995), et joue dans Farinet
d'après Ramuz (1996) et Zorba le Grec d'après Nikos
Kazantzaki 11997). En 1998, il met en scène son propre texte,
Le Bénéfice du doute au Théâtre de la
Grenade à Genève. La même année, Gérard
Demierre le dirige dans le rôle de Robinson dans Vendredi
ou la vie sauvage d'après Michel Tournier au Petit Théâtre
de Lausanne. En 1999 au Théâtre de Vidy Lausanne, il
est notamment le vieux Gabo dans Le Marchand de Venise de Shakespeare
que met en scène Cécile Garcia Fogel. Il joue sous
la direction de Benno Besson dans Le Cercle de craie caucasien de
Brecht (2001-02). En 2002, il crée le rôle du président
Blanc dans NDongo revient. |