l’art diplomatique
L’art diplomatique
Jean-Daniel Delley (jd) - 02-12-2005 - Culture - DP n° 1669 - Permalien
Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a donc retiré son soutien financier à la tournée africaine de la pièce de théâtre N’Dongo revient, une satire assez lourde des relations de la France avec l’Afrique noire. «Pour des raisons de politique extérieure» a expliqué lapidairement le porte-parole de Micheline Calmy-Rey. Faut-il pour autant crier au scandale ?
Cette affaire met en lumière le caractère chimérique des ambitions politico-culturelles de la responsable du DFAE : mettre l’art au service des objectifs de la politique étrangère. Même si certains de ces objectifs sont nobles, comme le renforcement des droits humains et de la démocratie dans le monde, l’instrumentalisation de l’art ne peut que conduire à des impasses. L’expression artistique implique une liberté incompatible avec la conduite de relations diplomatiques. On ne peut simultanément louer la bonne entente entre notre pays et son grand voisin et soutenir une production théâtrale qui dépeint au vitriol la politique africaine de ce voisin, même si cette politique ne mérite pas mieux. Ou alors, le cas échéant, il faut exprimer directement nos critiques, comme Samuel Schmid à Tunis. Que l’Etat encourage la création culturelle, mais qu’il se garde d’en utiliser les retombées pour ses propres objectifs.
jd